NINA

Publié le par lasardine

J' espère par ce témoignage, redonner ,peut-être, un peu d'espoir à quelques un(e)s d'entre vous.
  C'est une histoire comme toutes les vôtres, pleine d'émotions, d'amour et de larmes,
  Cela se passe en 1994, j'ai délaissé mes études pour parcourir le globe, surtout pour me confronter aux autres, à la vie, à moi même....

Je pars avec mon ami du moment. Nous partons de France en train jusqu'en Espagne,puis bus +bateau jusqu'au Maroc où nous passons deux mois, puis bus et taxi brousse vers la Mauritanie.....
 Nous parcourons ainsi l'Afrique del'ouest
pendant 6 mois

et nous retrouvons bloqués à cause des nombreux conflits qui bloquent l'accès à ces régions.
  Nous décidons finalement de nous rendre directement en Asie.
 Nous quittons Cotonou, direction New Dehli, via Moscou début 1995.
  Deux mois plus tard nous sommes au Népal, les gens sont si doux et souriants malgré la grande pauvreté, et les paysages si grandioses.
 Je pense que c'est un bon moment pour concevoir un enfant et mon ami n'est pas contre. Il a une cousine qui vit près de Bali, elle peut nous accueillir, et même nous trouver un petit boulot.
  C'est un peu fou, mais je me dis que ce serait un bel endroit pour mettre au monde un enfant.
  Les jours passent... nous continuons notre route... La Thaîlande, l'ile de Ko Tao, l'eau bleue, le poisson frais grillé.
C'est le pied mais faut pas que ça dure trop longtemps


Je sens des choses qui se passent en moi.
Puis, la Malaisie et l'Indonésie.Tout se déroule bien, je suis heureuse.....
Mais nous devons rentrer précipitemment en France, pour des raisons familiales , à la fin du mois de juin.
 Quelle merde, tout ce petit rêve qui s'écroule...
  Départ de Bangkok, je rentre seule car impossible de trouver deux places d'avion ensemble.
   Voyage interminable, deux escales.
  J'arrive à Paris, métro jusqu'à Montparnasse. Je suis complètement déboussolée.
 Je chope un train jusqu'à Morlaix (Finistère), puis un car jusqu'à St Pol de Léon, et enfin le taxi jusqu'à Roscoff...
  Je mets plusieurs jours pour trouver mes nouveaux repères.

  Une fois rentrée, et bien je rentre dans le circuit normal de surveillance de grossesse.
 Me voilà enceinte de cinq mois, tout va bien, je m'arrondis doucement mais sûrement. La famille est soulagée de toute part de notre retour ( ben oui quoi, pour eux c'était de la folie que de vouloir enfanter si loin des siens).
   Puis, au sixième mois de grossesse, on détecte une anomalie sur le bébé.
Ca se passe au niveau du coeur, c'est là qu'il y a quelque chose de pas tout à fait normal.
  D'échographies en spécialistes, d'espoirs en angoisses, nous trimbalons nos pauvres âmes au rythme des différentes injonctions...Le verdict final tombe: le ventricule droit ne fonctionne pas, bébé vit tant qu'il est dans mon ventre mais ne survivra pas à sa naissance.

 Prend ça dans ta gueule. Voilà, j'avais 26 ans et j'ai pris une belle claque!
 Après, tout se passe un peu comme dans une nébuleuse.
 Je crois que je "décide" sans m'en rendre compte, de m'en remettre aux conseils et avis du corps médical, car je me sens perdue, incapable de penser.
  On me conseille l'ITG, sans me l'imposer, en m'expliquant que c'est peut-être moins dur comme ça que de mener cette grossesse au bout.
 Va pour l'ITG...
 Je suis à presque 7mois de grossesse.
 On ne peut pas me provoquer l'accouchement avec les médicaments ordinaires, à cause de l'asthme et allergies. On va donc me provoquer l'ouverture du col par un moyen naturel, une algue, le laminaire.
 Sauf que ça prend du temps, plus de temps que le chimique semble t-il.
 Comme ça j'ai le temps de ruminer, et de m'emmerder dans cet hopital.
  Je regarde les clips à la télé et écoute la radio pour meubler mon esprit vide.
  Il y a ce morceau qui revient sans arrêt à la radio comme à la télé.

Je l'associe dorénavant à ce moment de ma vie. Pendant des années, je n'ai pas pu l'entendre sans pleurer... Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, je trouve juste que c'est un magnifique morceau qui me rappelle que dans la vie, il faut se battre, mais ça vaut toujours le coup... Bon, là je fais un peu ma superwomen, j'ai tout de même un bon pincement au coeur quand je l'entend.
 D'ailleurs j'ai vu Youssou'n Dour plusieurs fois en concert, et je ne regrette pas d'associer un de ses morceaux à un moment fort de ma vie..
  Bref.....
Au bout de plusieurs jours, combien exactement? Je ne sais plus, tout est si flou à ce moment... le col finit par s'ouvrir, le bébé sort, c'est une fille, nous sommes le 15 août. On me dit qu'elle a cessé de respirer peu de temps avant sa sortie, meurtrie par un travail trop long. Non, madame ne vous inquiétez pas elle n'a  pas souffert. Vous êtes sûre?
 On me conseille de la garder sur mon ventre, j'obtempère sans me poser de questions. Elle est chaude et poisseuse, je la regarde sans la voir, je constate qu'elle est comme "finie", on dirait presque que tout est normal.
 Ils font une photo du bébé, me disant que peut-être plus tard, des années plus tard, je souhaiterai la voir.
 Je pleure, nous pleurons...
  Je passe encore quelques jours dans ce service. On me conseille de voir une pédopsy. Ok, j'y vais sans savoir pourquoi. Ce n'est que plus tard que je comprendrai. Elle me conseille de donner un nom au bébé, ce sera Nina.
 Je rentre le ventre vide, le coeur vide, la tête vide.
 Les jours passent, je me traîne, nous nous traînons. Je finis par me rendre compte, que suis comme un zombie... C'est encore les vacances, nous décidons de partir dans le sud de la France, à l'aventure sur les routes, essayer de nous retrouver un peu.
  Je comprends que je fais une dépression. Rien ne m'atteint, il y a un tel décalage entre moi et les autres, entre moi et la vie... Je décide que ça ne peut pas durer, que je ne veux pas m'enfoncer là dedans.
 Ce petit voyage m'aura fait du bien, j'ai beaucoup réfléchi, je veux avancer, j'avancerai.
 A la fin de ce périple, j'arrive de nouveau à trouver un paysage"beau".


  Je suis décidée à refaire un enfant très vite.
 Je repense aux choses que m'a dites la pédopsy, et je comprends que j'ai bien fait d'exécuter bêtement les conseils que l'on me donnait... A la différence de mon ami, je surmonte plus rapidement cette épreuve, et suis prête à repartir pour de nouvelles aventures...
 La suite très bientôt.....
 

 


 

 

Publié dans LA VIE DE LASARDINE

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