UNE BARAQUE AUX BAHAMAS

Publié le par lasardine

UNE BARAQUE AUX BAHAMAS : Le feuilleton en carton 

Alex démarre sa Polo noire pour se rendre vers cette destination quasi quotidienne, routinière, désolante,

abhorrée, mais qui lui a permis de s'acheter cette polo noire, d'occasion certes, mais noire. La radio se met en
marche en même temps que le contact. Son manteau est resté coincé dans la portière, il pleut des cordes -un
seul essuie-glace ne fonctionne- le voyant d'huile s'allume et il arrive en fin de réservoir... Le réveil n'ayant pas
sonné ce matin, il n'a pas eu le temps de se laver les dents (et vu le nombre de cannettes qui gisaient au pied
de son lit à 7 heures, l'air expiré doit s'apparenter à une poubelle d'aire d'autoroute en plein mois d'août.
Depuis des semaines on n'entend plus que ce nom sur les ondes : Barack Obama. Et Alex se laisse emporter par le flot de ses pensées incohérentes ; ce nom résonne et virevolte dans sa tête, tantôt prononcé à la
française, tantôt avec l'accent américain bubble gum, s'apparantant parfois au croassement du crapaud ou au bruit désagréable produit par un vomissement incontrôlé. Brâââk eubama, beuuurk eubmm, barak o bam,baraque au Bahamas... Baraque au Bahamas, oui, une baraque au Bahamas, c'est exactement ce dont il a besoin Alex. Il éteint la radio, bien décidé à changer de vie.
Mais voilà, le parking du boulot le ramène à la réalité : cet hyperprésident-là ne va sans doute pas révolutionner sa vie...autant jouer à lʼeuromillions ! Ah oui, ça, lʼeuromillions, il doit y jouer en sortant, il se lʼest
promis ; la pub le dit bien : 100% des gagnants ont tenté leur chance...
Etant toujours assistant comptable auxiliaire, malgré ses 3 ans de boîte, il nʼavait pas vraiment de notions de
statistique. Le problème, cʼest juste dʼavoir le bon ticket, de décrocher le gros lot : les Bahamas... Il va bien rester quelques petits paradis...fiscaux ?
Heureusement sur le parking, la voiture de Natacha était déjà garée.
Ah, Natacha, son nom c'était déjà un voyage, alors, les Bahamas on verra plus tard.
Pour l'instant, un coup d'oeil dans le rétroviseur, ajuster sa crinière, avaler un
bonbon à la menthe, et retrouver les yeux de Natacha, le sourire de Natacha, le parfum de Natacha.
Malgré la pluie battante, Alex sentit que sa journée allait être belle, et c'est le coeur
léger qu'il se dirigea vers l'écran de son vieil IBM.
Sur son bureau, un petit mot de Natacha : « Le patron veut te voir, je ne sais pas
pourquoi, bonne chance... Bisous et merci pour les fleurs... »
Qu'est-ce qu'il me veut, ce vieux barbon ? se dit Alex, mais pas de souci, je gère, allez, c'est parti,
j'y vais tout de suite.
A suivre...

Publié dans CREATIONS de L'ASSO

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